Manifestations au Tchad : Déby fils sur la sellette ?

Jeudi 20 octobre, des manifestations contre la prolongation de la période de transition et le maintien au pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno ont entraîné un déchaînement de violences pendant plusieurs heures. Ces manifestations fortement réprimées ont entraîné une cinquantaine de morts et des centaines de blessés. ils pourraient conduire Déby fils plus rapidement que prévu vers la porte.
Au Tchad, les activités des partis politiques d’opposition impliqués dans ces manifestations ont été suspendues. Un couvre-feu de 18h à 06h a été instauré. En la faveur d’une conférence de presse, Kebzabo Saleh, premier ministre a annoncé la suspension de « toute activité publique des partis politiques et organisations de la société civile », dont celles des partis des Transformateurs, du Parti socialiste sans frontière et de Wakit Tamma. Il a également annoncé lors d’une conférence de presse un couvre-feu de « 18H à 6H du matin, qui durera jusqu’au rétablissement total de l’ordre à N’Djamena, à Moundou, à Doba et à Koumra ».
Selon le premier ministre, les manifestations ont fait « une cinquantaine de morts et plus de 300 blessés », suite aux appels à manifester lancés depuis le début de la semaine par la plateforme d’opposition Wakit Tamma et le parti Les Transformateurs, dirigé par Succès Masra, l’un des principaux opposants politique au président Déby.
Les Nations unies ont déploré le recours à la force meurtrière contre les manifestants car pour elle, les autorités de transition doivent garantir la sécurité et la protection des droits de l’Homme. Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine (UA), a pour sa part condamné fermement la répression des manifestations appelant « les parties au respect des vies humaines et des biens et à privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise ». La France a également « condamné les violences, avec notamment l’utilisation d’armes létales contre les manifestants », tout en rassurant qu’elle ne joue aucun rôle dans ces événements. Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch, ONG de défense des droits humains, a demandé une « enquête impartiale pour déterminer les responsabilités et pour garantir que la force ne soit utilisée qu’en dernier recours ».