Développement de l’Afrique : « quelqu’un ne pourra pas nous aider à nous développer et devenir son concurrent »

À quand le développement de l'Afrique ? L'ex ministre Dr Mohamed Lamine Doumbouya revient sur la question dans son livre paru chez l'Harmattan Guinée. Joint au téléphone, il donne des détails.

Les questions liées au développement de l’Afrique attirent les regards. C’est d’ailleurs pourquoi plusieurs ONG et fonds internationaux font la ruée vers ce continent. En plus de ces institutions, des fils et filles d’Afrique abordent la question par moment à travers leurs plumes. C’est l’exemple du livre « le développement de l’Afrique, à quand le bout du tunnel ? » de Dr Mohamed Lamine Doumbouya, ancien ministre du budget de la république de Guinée.

Joint en ligne pour nous parler de son livre et de sa motivation pour le choix de ce thème spécifique, il affirme « c’est une question personnellement qui me tient à coeur. Ce que j’ai appris théoriquement j’ai voulu les mettre en pratique. Mais il fut des moments où je me suis rendu compte que les théories reçues dans les livres ne sont pas forcément adaptables aux réalités du terrain ». Dans ce livre, la question de la vulgarisation du terme développement est une question centrale. Même enseigné dans les programmes élémentaires et utilisé au quotidien pour désigner des actions gouvernementales dans plusieurs pays africains, l’auteur pense que ce n’est pas suffisant et soutient « vouloir interpeller tout le monde car il n’y a de développement que celui qui est compris »

Mais c’est quoi le développement de l’Afrique ?

Enseignant universitaire et décideur de politique publique, pour Dr Doumbouya, le développement de l’Afrique ne saurait se faire sans tenir compte des réalités culturelles des États africains. Il faut adapter les théories économiques à la réalité africaine car « nous n’avons pas les mêmes façons d’aborder nos problèmes ». Cette nuance constitue le socle d’un raisonnement qui aboutit à des pistes de solutions dont la nécessité d’une réelle indépendance : « nous devons penser nous-mêmes notre plan de développement. Si nous comptons sur d’autres pour nous développer, nous continueront à être dépendants. Quelqu’un ne pourra pas nous aider à nous développer et devenir son concurrent ».

Le capital humain comme facteur de développement

L’humain est souvent au centre de toute politique publique. Il l’est aussi dans ce livre comme vecteur de tout début de développement. Pour développer le continent, l’auteur suggère d’investir dans le capital humain, car dit-il « nous devons travailler sur des politiques publiques qui soient favorables à l’éducation et la santé. Éviter de former des chômeurs mais des gens aux capacités de production beaucoup plus élevées ».

Pas d’institution forte sans capital humain fort

Le besoin d’instances libres et indépendantes en Afrique est un grand enjeu traité également dans ce livre. En opposition à la célèbre phrase de Barack Obama « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes », avec une certaine conviction, l’actuel coordonnateur Général de la MAMRI pense qu’« Il faut investir dans le capital humain pour avoir des leaders qui puissent construire des institutions fortes ».

Développement de l’Afrique : à quand le bout du tunnel ? Investir dans le capital humain n’est-ce pas aussi insuffler une envie d’apprentissage des enjeux du développement chez les populations ?

La rédaction