Tunisie: les magistrats en grève ce lundi

Après la révocation d'une cinquantaine de magistrats la semaine dernière, les syndicats de magistrats tunisiens ont protesté contre la décision du président Kais Saied. Ils ont fermement condamné l'ingérence permanente du président dans le pouvoir judiciaire.
C’est par une grève d’une semaine entamé ce lundi qu’ils se sont fait entendre contre le limogeage de 57 de leurs confrères pour des faits de « corruption et entrave à des enquêtes ». Cette grève renouvelable est observée à l’appel des principaux syndicats professionnels des magistrats : << La grève a commencé dans tous les tribunaux du pays et selon nos informations, elle est très suivie >>, a déclaré à l’AFP le président de l’Association tunisienne des jeunes magistrats, Mourad Massoudi.
La grève a été voté samedi 4 juin, à l’unanimité après une réunion des juges selon le juge Hammadi Rahmani qui a annoncé cette décision, et elle concerne la suspension des travaux dans tous les tribunaux et le début du sit-in. Dans un communiqué publié samedi, les syndicats ont condamné l’ingérence permanente du président dans le pouvoir judiciaire, l’accusant de s’octroyer le pouvoir de les révoquer sans le moindre recours possible, violant le droit le plus basique à se défendre, garanti dans la Constitution.
Depuis l’année dernière, Kais Saied a fait amender la loi qui régit le conseil supérieur de la magistrature pour pouvoir les révoquer, invoquant une << atteinte à la sécurité publique ou à l’intérêt suprême du pays >>. Le président tunisien concentre également tous les pouvoirs et dirige la Tunisie par décrets-lois.
Un référendum sur la Constitution le 25 juillet et des législatives anticipées le 17 décembre sont prévues très prochainement dans le pays.
Elisabeth Zézé Guilavogui