En 2020 le taux de chômage était estimé à 4,3% en Guinée. Cependant, l’économie
informelle représentait environ la moitié du PIB et 70% de l’emploi, selon la banque
mondiale.
Qu’est-ce qui se cache derrière le chiffre des 4,3% donnés par la banque mondiale ? Comme
abordé plus haut, l’économie informelle représente 70% de l’emploi, ce qui veut donc dire
que les personnes évoluant dans le secteur informel ne sont pas prises en compte lorsqu’il
s’agit d’établir des statistiques concernant le chômage.
En outre, le secteur informel est une solution palliative au chômage pour ceux qui y évoluent
majoritairement, c’est-à-dire, une majeur partie des personnes en situation de chômage
exercent des activités dans le secteur informel dans le but d’échapper au chômage.
Les statistiques données et les bases posées, quelles sont donc les causes du chômage en
Guinée ?
Trois principales causes (outre l’instabilité politique) :
– L’inadéquation des formations avec les besoins du marché de l’emploi ;
– Une absence de mesures incitatives pour l’emploi ;
– Le ralentissement de la croissance économique.
Quelles solutions face à cet état de fait ?
Des solutions suivant trois (3) axes :
- L’axe éducatif
Il s’agira de fermer temporairement certaines formations que j’appelle « les usines à
chômeurs ». En fermant ces formations inadaptées au marché de l’emploi actuel, l’État
pourra réaliser des économies, et réinvestir ces économies dans les formations plus
porteuses.
Cela consiste par exemple, à réadapter le contenu des formations susmentionnées en
donnant la possibilité aux étudiants de réaliser des travaux pratiques.
Les universités quant à elle devront nouer des partenariats avec les entreprises et rendre
obligatoire des stages et alternances dans certains de leurs cursus.
Pour finir, l’État devra investir encore plus dans les formations techniques et celles qui
touchent des domaines vers lesquels les étudiants ne s’orientent pas automatiquement
comme l’agriculture et l’élevage. Et surtout, promouvoir certaines formations de courtes
durées telles que les BTS. - L’axe juridico-institutionnel
Pour ce faire, il va falloir reformer le code du travail et réadapter la durée des contrats dans
ce nouveau code, le but sera d’éviter que les entreprises abusent des contrats précaires.
Nous remarquons que des entreprises embauchent des salariés pour des courtes durées, des
salariés qui retournent donc au chômage juste quelques mois après.
Les entreprises abusent de l’utilisation des « stagiaires » ou de salariés en CDD, dont la
plupart n’ont aucun contrat signé. La réforme du code du travail permettra de clarifier la
situation des personnes en situation d’emploi et celles au chômage, et favorisera ainsi la
mise en place de politiques permettant d’endiguer le chômage sur le long terme.
- L’axe économique
Nous entendons le plus souvent des jeunes parler des concours à la fonction publique.
Cependant, il faut comprendre que la fonction publique ne peut pas absorber tout le
chômage et ne le pourra jamais.
Ce sont les entreprises ou sociétés privés qui créent de la valeur et embauchent le plus.
Ainsi, l’État devra rendre plus flexible la création d’entreprise pour les nationaux et
l’installation des nouvelles.
Cette flexibilité doit s’accompagner par des mesures fiscales incitatives à l’emploi de jeunes.
Comment cela peut se décliner ? Il s’agira par exemple d’une réduction des taxes payées par
les sociétés lorsqu’elles embauchent des jeunes (les modalités seront peaufinées dans une
prochaine tribune).
Pour finir, ces trois axes ne sont pas les solutions miracles afin d’endiguer le chômage en
Guinée, mais un début de réflexion que nous développerons dans les prochaines tribunes.
Emmanuel Zogbelemou, Chargé de Consolidation et Reporting Financier chez KPMG France
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