En France, l’art contemporain met des artistes africains à l’honneur

Paris et l’Île-de-France mettent en avant jusqu’à la fin du mois de mai, dans une trentaine de galeries d'art des œuvres d’artistes contemporains africains : plasticiens, peintres, sculpteurs, photographes... pour les professionnels, c’est spectaculaire et inédit.

L’occasion est belle pour les collectionneurs : ils peuvent ainsi se pencher sur l’art contemporain venu de l’Afrique. Et dans la galerie Art-Z à Paris, à l’occasion du vernissage d’une exposition rassemblant trois artistes sénégalais, des journalistes et des curieux sont également présents, en plus des collectionneurs. D’autres galeries comme elle ne désemplissent pas.

Selon Véronique Rieffel, galeriste à Paris, cet engouement tient surtout à la poussée créatrice des artistes africains et notamment, le « Black portrait », l’autoreprésentation, courant venu des États-Unis. « Je trouve ce phénomène de figuration très intéressant. C’est important qu’il ait lieu, aussi bien dans la photographie que dans la peinture. De voir cette fierté africaine qui se manifeste, derrière le fait de passer de muse un peu exotisée à prendre les pinceaux ou l’appareil photo et se représenter avec sa propre perception de soi », affirme t-elle.   Pourtant, le galeriste Christophe Person estime que les artistes contemporains doivent éviter la répétition dans leurs œuvres. « Si les artistes trouvent de nouveaux modes d’expression et de nouveaux thèmes, je pense que cela va durer, car ils arriveront à se renouveler. En fait, c’est un peu « la balle est dans leur camp » », a-t-il déclaré.

Clay Apenouvon, plasticien togolais et exposant à la galerie Véronique Rieffel à Paris est du même avis : il faut rester authentique pour un succès durable. « Soyez vous-même et ne cherchez pas à faire de l’argent plutôt que de l’artIl y a un marché qui pousse la jeune génération des artistes africains à aller chercher dans l’autoportrait, dans la figuration totaleS’habiller en Nike avec des grosses montres en or pour s’exprimer, c’est des choix que les gens font pour pouvoir être sur le marché et être vendus à tout le monde. Le plus gros marché pour l’art africain contemporain, c’est en Occident. Pour vendre, il faut faire un travail qui intéresse l’Occident. Quand je regarde tout cela, je me dis : “C’est fou, nous africains, on n’a pas eu la parole, ça fait longtemps que personne nous écoute”. Maintenant, quand on a un petit créneau pour s’exprimer, si c’est cela qu’on doit dire, ça me dérange un peu. Maintenant, les gens font les choix qui veulent. Moi, j’ai tout un monde à explorer. Si je suis beau, je dois le savoir, je dois avoir l’assurance que je suis beau. Donc, je n’ai pas besoin de l’exprimer de cette façon-là », a-t-il conseillé à la jeune génération.