Sommet Europe – Afrique : pour quoi faire ?

Après environ deux ans de report à cause de la Covid-19, le sixième sommet réunissant l'Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA) s'est tenu finalement jeudi 17 et vendredi 18 février à Bruxelles. À peine achevé, des observateurs africains considèrent cet énième sommet de rencontre d'apparat. C'est du moins l'avis d'Ali Camara, juriste et citoyen guinéen.

Il y’a aujourd’hui un contexte géopolitique de  plus en plus inquiétant. Et il n y a que les africains qui demandent le respect, là où justement il faudrait arriver à l’imposer. Sur fond de nouvelles crises mondiales en cours, en plus des crises multiformes engendrées par l’épidémie de Covid-19, ce sommet brille par son inutilité sur les masses populaires africaines. Au moment où les forces européennes, la France en tête, sont en train de trouver le moyen de se redéployer dans nos Etats par l’argument de la lutte antiterroriste qu’elles ont réussi à créer et soutenir dans le Sahel, nos organisations régionales et sous-régionales restent bouche bée devant l’encerclement militaro-stratégique de l’Afrique par des bases militaires étrangères. Personne ne s’en préoccupe à ce sommet ou on est plutôt préoccupé à copains-copains. Quand l’agneau croit avoir un quelconque droit de discuter avec le lion dans sa tanière. Quelle folie ! 

Le projet néocolonialial d’actualité

Plus que jamais, les jeunes africains doivent comprendre l’enjeu des décennies à venir : il s’agit de libérer définitivement l’Afrique de l’impérialisme étranger d’où qu’il viendrait, notamment de l’Occident. Parce que le fait est que les démocraties occidentales nées des deux guerres mondiales sont devenues latentes. Plus en Occident, le Néolibéralisme a remplacé la liberté et la souveraineté des peuples, et seuls les banquiers et le circuit financier tiennent réellement le pouvoir. Dans une civilisation matérialiste où l’appât du gain ou tout généralement l’accumulation de biens matériels est le seul principe de vie, l’Occident tient pour dernier projet de tuer l’âme africaine, définitivement cette fois. Nous sommes véritablement, à l’instar de quelques contrées parsemées à travers le monde, les derniers remparts qui rappellent au combien l’harmonie de la vie est le seul développement durable et bénéfique pour les êtres vivants, l’être humain en premier lieu. Qu’est ce que cela veut dire ? Cele veut dire que le monde est déjà en guerre et qu’il importe aux africains de s’armer davantage, s’armer de savoirs, afin de permettre que les générations futures soient sauvées. L’élite politique africaine est en cabale à Bruxelles. Il faut oser le dire. Elle n’y est ni à sa place ni avec l’interlocuteur dont il convient de dénoncer. 

Un sommet de façade qui témoigne du complexe de l’élite politique africaine

Afrique et Europe : deux continents avec une vision commune pour 2030” ? Quelle farce ! Jusqu’à quand les élites politiques africaines voudront se décomplexer et prendre leur destin en main, comme des hommes et femmes libres, responsables ? À la clé, la « surprise » de la participation du Polisario qui n’en est absolument rien. Cela ressemble dangereusement à un stratagème dont se rappelle encore. Cela a fallu coûter la survie de l’OUA dans les 80 l’organisation de l’unité africaine, devenue UA, union africaine depuis juin 2002. On se souviendra du retrait du Maroc de l’organisation, exactement le 12 Novembre 1984 avec toutes les conséquences que cela a engendré durant des années au sein de cette organisation régionale. Il est donc dangereux de faire jouer « subtilement » cette carte de la division des Etats africains. 

Tous pour la campagne de l’oligarchie mondiale

Le Président français est à la recherche de derniers souffles de rebond dans les sondages pour des présidentielles françaises des plus imprévisibles. Macron est en effet en campagne pour sa réélection. Avec un bilan catastrophique sur le recul de la démocratie et des libertés, « le Président roi de France » n’hésite pas sur les moyens. Il veut profiter de sa présidence de l’Union européenne pour se redorer le blason. Quoi de plus spéculaire que de convoquer tout un continent ? Nos chefs d’Etat accourent, pour la majorité en guise de visibilité parce que contestés dans leurs pays respectifs et devenus des invités gênants ailleurs. Ils veulent paraître importants aux yeux de leurs télévisions nationales, tandis qu’ils n’auront rien à décider de ce sommet. Pour les autres, c’est la honteuse habitude d’aller quémander de l’argent, des aides budgétaires d’Etat et plaider pour davantage d’aides financières de l’UE, l’Union européenne dans le budget l’union africaine. Le monde néolibéral un océan des montres froids. Il se pose des grandes questions ici en Afrique. Pendant ce temps nos Président vont en balade aux pieds de Macron !

L’incapacité des instances africaines à trouver des solutions endogènes aux problèmes africains. 

Pour peu qu’on soit conscient des enjeux de notre époque, on ne peut qu’être sidéré en voyant précisément le peu de sérieux avec lequel les Présidents africains traitent les problèmes du continent. De la crise malienne, la sécurité au Sahel, les questions sécuritaires et stratégiques du golfe de Guinée, des questions de l’immigration clandestine de la jeunesse africaine d’où la mer Méditerranée est devenue un horrible cimetière, la coopération coopération entre les Etats et l’éternelle question de mauvaise gouvernance etc. L’Afrique ne prend pas la mesure des enjeux à une heure où les Africains devraient plutôt fédérer les forces internes.

Des résolutions à tomber des nues

Je ne serai pas long d’autant plus qu’il n y a vraiment pas grand chose à dire à ce sujet. On a prévenu depuis le début de cette crise sanitaire sortie de nulle part. La question des vaccins est une problématique que les africains doivent avoir le courage de résoudre définitivement, entre eux, à l’Union africaine par exemple. Plus de 150 milliards prévus sur sept (7) ans en vue d’aider les pays africains, somme toute la musique habituelle. L’aide qui n’aide personne, au fond. À quand les chefs d’Etat africains prendront-ils vraiment les africains au sérieux? Ce sommet est de trop : inapproprié et superflu pour l’Afrique. S’il s’agit de s’en tenir aux priorités, le genre de problèmes qui se posent actuellement en Afrique nécessitent avant tout des solutions internes, en lieu et place de ces solutions valises , dont l’inefficacité et la ruse ne sont plus à démontrer.