Dans le petit hameau de Fayil, les fileuses assises sur des nattes sous un arbre filent le coton, en suivant à la lettre le protocole ancestral. Celui-ci permet d’obtenir à la fin un fil fin et résistant, le falé, une matière brute et élégante, issue d’un coton biologique, cultivé sans irrigation, rapporte Le Monde. « C’est avec ces écheveaux non traités que les tisserands confectionnent depuis deux siècles les précieux pagnes tissés qui sont portés ou offerts lors de cérémonies traditionnelles de la communauté sérère », rapporte le site.
Pour donc peéserver ce patrimoine qui se meurt, Fatim Soumaré, une sénégalaise de 34 ans s’est lancée dans une opération de sauvegarde. Tout commence en décembre 2020, lors d’un séjour au Sénégal, son pays de naissance. Elle y découvre le falé et rencontre « ces femmes au savoir-faire extraordinaire ».
Elle pose ses valises dans le pays et devient finalement designer textile. En octobre 2021, elle crée Falé, sa marque, qui s’appuie sur un atelier de tissage et est situé à Djilor Djidiack, à une heure trente de Fayil. Elle ambitionne également de monter un collectif d’artisanes. Elle s’engage donc dans une opération pour convaincre les fileuses d’une trentaine de villages afin d’adhérer à son projet de revalorisation et de sauvegarde du filage traditionnel par les communautés. Elle en obtient finalement cinq qui collaborent désormais avec sa marque au sein d’un collectif regroupant deux cents femmes dont soixante-quinze à Fayil, rapporte le Monde.
« La designer fournit au collectif du coton déjà cardé – acheté à la Sodefitex, la seule société cotonnière qui perdure au Sénégal – pour être filé manuellement. Il leur faut environ deux semaines pour produire les trente bobines sur lesquelles s’enroulera un kilo du fil précieux. Depuis son lancement en décembre 2021, le collectif a produit 730 kilos de falé, soit la moitié du coton acheté par Fatim Soumaré. Parallèlement à sa volonté de sanctuariser le savoir-faire, la cheffe d’entreprise veut « accompagner ces femmes dans leur autonomisation, améliorer leurs conditions de travail et leur niveau de vie », précise nos confrères.
Près de 4 000 euros de recettes qui ont contribué au développement de la communauté ont été dégagé par le groupement d’intérêt économique de Fayil, baptisé Imbetaando cosaan, (se rappeler ce que les grands-parents faisaient ) en sérère, depuis la création du collectif Falé.
Laisser un commentaire