Comment expliquer toute la dimension d’un tel projet à mon cousin de Wonkifong dans Coyah pour susciter son adhésion ? Comment rendre accessible la vision de ce projet national chez mon père à Kéréma dans Nzérékoré, ou encore à ma cousine de Maci dans Pita et son oncle de Tiro dans Faranah ? Autant de questions qui peuvent se résumer en une expression : répondre à l’enjeu national du branding de Guinée ou marque pays.
Loin de soutenir que cette initiative est « futile » ou « insensée » comme on a parfois pu le lire, il faut tout de même noter qu’un tel projet doit être une vitrine, un miroir, le reflet de toute une société : un ensemble hétérogène. S’il n’est pas donné aujourd’hui à certains guinéens de s’y identifier compte tenu de nos réalités culturelles, sociales, politiques etc…, dans la plupart des cas, on peut lire un attachement profond des populations lorsqu’un billet s’immerge dans leurs terroirs pourtant pas industrialisés à l’image des grandes villes. Cette satisfaction de montrer son « chez soi », d’exister, de voyager au plus profond de nos terres comme le Tour de Guinée nous l’a montré récemment avec grand succès, sans oublier le concours Guinée Ville dans un passé récent créant une forte émulation entre les ressortissants des villes guinéennes sur Twitter, est une richesse. C’est une autre forme de branding plus locale, plus inclusive et plus démocrate s’attachant à plus de libertés, de contenus, d’affects et à ce qu’il y a de plus humain.
Et si on commençait par le City branding en Guinée ?
Le city branding, autrement appelé marketing urbain ou territorial est par définition un concept qui vise à promouvoir une ville. À l’image de celle d’un produit ou d’un service, l’objectif est d’attirer de nouveaux habitants, des touristes, des travailleurs, des étudiants, des investisseurs, des entreprises. Riches en cultures, arts, natures, patrimoines, humanisme, chaque ville guinéenne a sa particularité et son charme.
Si Dinguiraye peut se targuer de sa mosquée de 1850, Mamou avec son concept de ville carrefour, mettra en avant son hospitalité, Kindia et ses magnifiques agrumes pourra exploiter le concept bio, Baro et sa marre avec cette forte expression culturelle, N’zérékoré et sa forêt sacrée mêlant tradition et culture. Ces quelques exemples mettent en exergue un ensemble hétérogène ce qui dénote de la complexité de vendre dès l’entame, un branding national à un peuple très attaché à son terroir. D’où la nécessité de décentraliser le branding à une échelle plus locale afin que nos collectivités s’emparent elles-mêmes du branding et proposent à leurs niveaux des raisons de les choisir comme destination car les maires ont la confiance locale à travers leur présence quasi quotidienne sur le terrain.
Certaines villes guinéennes le font aujourd’hui avec des initiatives comme le FRISTIVAL de Fria, les cérémonies d’initiation en Guinée forestière pour ne citer que celles-ci même si elles restent des initiatives privées. Dans un autre cas de figure, la ville de Montaigu en France avec son concept de « Ville sportive » est reconnue pour son tournoi mondial auquel les U16 de la Guinée viennent de participer. Cet exemple est adaptable à Kamsar par exemple avec son célèbre tournoi des vacanciers qui a vu éclore de nombreux footballeurs. La ville de Kouroussa avec Camara Laye et son célèbre roman « l’enfant noir » enseigné en Afrique, en Europe et en Amérique est aussi une piste de réflexion… Ces « détails », qui peuvent échapper à l’échelle nationale sont des éléments d’identification et d’appartenance à un projet. Nos villes ne doivent donc pas rester en marge de cette révolution qui doit trouver écho au niveau local avec des employees advocacy (ambassadeurs) que sont les maires et leurs populations. Pas en tant que simples ambassadeurs, mais en tant que porteurs et initiateurs.
Chacun a au moins une raison de promouvoir sa ville et de l’associer in fine à l’image de son pays : à vous de choisir la vôtre.
Lucien BLEMOU, spécialiste communication politique et institutionnelle, manager des stratégies marketing et communication.
La promotion d’un pays qui est celui-ci, doit passer par la culture et l’éducation. Ce n’est pas des Lands ou des cantons dans lesquels chaque région est autonome, le cas de city branding (Lucien, 2023). Cité comme solution ou référence de base pour promouvoir les villes de la Guinée ou la Guinée dont chaque ville doit être autonome, on constate que le branding dans la façon originelle faites en Guinée et à l’intérieur de la Guinée, ne fera pas vendre ou décoller l’image de la Guinée dans son état actuel. Faisons un peu l’histoire sur la Guinée de Bembeya jazz national, ballet national. Elle était au centre de toutes les curiosités africaines, européennes, URSS et américaine du fait de la culture qui était mise en avant par les dirigeants d’alors. Maintenant, le temps moderne, à la naissance des outils numériques via la communication peut permettre de se faire connaître sans bouger ou du moins ce téléreporter à travers une image, une vidéo ou encore….! Il faudra avoir les moins et la volonté de bien faire les choses et convenablement. Ce n’est pas le travail d’une année ou de deux ans. Chacun communique ou vend l’image de la Guinée sans le clamer et cela se fait parfois à travers les étudiants, les footballeurs, les chanteurs et les ressources naturelles dont la Guinée dispose.
Très rédaction et je plussoie l’idée qui ressort le processus d’adaptation du branding national aux véritables concepts des villes et collectivités du pays.