Les crimes sexuels prennent de l’ampleur en Guinée. En moyenne par semaine, 3 à 4 articles de médias dénoncent des présumés viols sur le territoire national. Sinon, c’est sur les réseaux sociaux que les internautes relaient les infos comme si elles sortaient d’un four à pain. Entre désinformations (fake News) et relais anarchiques d’éléments d’identités des victimes et présumés auteurs, ressortent une problématique centrale : le déroulement du processus d’information, la connaissance et le respect de la confidentialité de certains actes de procédure judiciaire en matière de crimes sexuels, la protection des personnes et la garantie de leur dignité, le respect du secret de l’information.Tous les acteurs de la société, c’est-à-dire les acteurs gouvernementaux, les médias, la société civile, les internautes etc, ont un rôle à jouer pour endiguer le phénomène et décristalliser les idées reçues.
Il est du devoir et de la responsabilité du gouvernement (transitoire en l’occurrence), des ministères de la justice, de la protection du genre, des institutions internationales et ONG de lutte contre les violences basées sur le genre, à l’exemple des violences sexuelles comme le viol, de se fédérer autour d’un vaste programme d’enquêtes nationales sur le traitement social, judiciaire, psychologique des cas et faire un état des lieux des informations accessibles sur les sujets de violences sexuelles.
L’enquête devra couvrir tous les recoins du territoire national, avec l’appui des autorités déconcentrées et décentralisées, en plus, celui technique et financier du Ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation.
L’enquête, à l’image d’un sondage d’opinion national et d’une campagne de recensement, déploiera des agents de terrain dans des localités cibles, pourquoi pas dans un premier temps, celles enregistrant un taux élevé de violences sexuelles dénoncées.
Un « Pack sondage » sera créé. Il devra comporter des questionnaires ciblés, adressés à :
-De potentielles victimes
-De potentiels témoins
-L’administration judiciaire-
Les organismes médiatiques sur leurs connaissances des procédures et des éléments clés de langage.
Le questionnaire devra par ailleurs interroger la culture juridique de la population sur :
-Les textes de lois (code pénal et de procédure pénale, code civil et code de l’enfant) en vigueur
-Les contextes de leurs applications
-Les failles de leurs applicabilités
-Le traitement des victimes dans leurs prétentions judiciaires (saisine juridictionnelle)-L’accès des victimes et des présumés auteurs à une représentation légale (droit aux avocats)
-Relever le niveau de corruption et les lacunes du règlement à l’amiable en matière de crimes sexuels
-Relever l’application et des conditions d’applicabilités des peines (visites de prison).
La campagne nationale sur la situation de la culture et la banalisation des agressions sexuelles ainsi que leur impunité aura pour objectifs de savoir à travers les questionnaires :
-Un chiffre approximatif des victimes
-Un chiffre approximatif des cas portés devant des tribunaux
-Un chiffre sur les accusations et les suites judiciaires
-Un chiffre sur le nombre de décisions obtenues et leur conformité au regard des textes de lois pénales
-Les lacunes juridiques et juridictionnelles de l’accès au droit.
-Les lacunes de l’accès au soins médicaux et dans le suivi psychologique
-Le taux d’information et de sensibilisation des populations.
Un rapport d’enquête, méticuleusement rédigé devra être publié et fera l’objet d’une assise impliquant :
-Juristes-Sociologues
-Psychologues
-Professeurs
-Chefs de quartiers et secteurs
-Préfets, maires
-Parents, tuteurs
-Représentant d’ONG, d’institutions et de ministères
-Chef de groupements sociaux
-Chef religieux (église, mosquée). Ils auront pour missions, la sensibilisation et l’éducation autour de la répression des VBG sexuels.
Le rapport devra être traduit, communiqué à la radio. Il servira de point de départ pour mettre en place un projet de vulgarisation des textes de lois, comportant des kits de sensibilisation textes, audios et vidéos, adaptés aux différentes cibles, dans un langage accessible, sur les droits et les responsabilités de tous les acteurs de la chaîne (enfants, parents, tuteurs, ONG, justice, acteurs de médias etc).
Au sortir d’une campagne initiée sur quelques mois, j’ose espérer que les mesures que je propose, et pour la mise en œuvre desquelles je me rends disponible afin de faire une étude de faisabilité en Rep. de Guinée, auront un impact significatif dans l’environnement de la répression des violences sexuelles, en outre sur l’éducation au droit, à la procédure judiciaire et administrative. J’espère surtout :
-UN PROCESSUS PLUS EFFICIENT DE PRISE EN CHARGE DES VICTIMES, vulgarisé et connu de toutes les couches de la population.
-FAIRE CONNAÎTRE LES ORGANISMES DE PRISE EN CHARGES OU DE FACILITATION DE LA PLAINTE, ainsi que de la PRISE EN CHARGE MÉDICALE ET PSYCHOLOGIQUE
-UNE HOMOGÉNÉITÉ DES PROCÉDURES POUR TOUS (associations/ONG, personnes physiques privées).Le modèle de sondage que je propose peut être dupliqué dans n’importe quel domaine de VBG. Et surtout, je ne suis point fermée à un brainstorming pour l’améliorer. On ne manque absolument pas de main d’œuvre ou de bénévole pour le faire en Guinée; je ne pense pas non plus que nous manquions d’argent.
Bravo pour ce développement
Depuis 2005 que je connais la Guinée 🇬🇳 je ne savais pas qu’il y avait autant de problème de viol !
Bonne continuation
Paul LE GUEN
Audit d’entreprise en Guinée