Dans quel contexte intervient votre revendication ?
James Frédérick Foster : Nous avons décidé de déclencher cette grève en vue de réclamer d’une part : le non paiement des 3 mois d’arriérés de bourse de l’année académique 2021/2022 et, le retard d’environ 8 mois des bourses de l’année académique 2022/2023. Ce qui fait un total de 11 mois.
Et d’autre part, dénoncer l’indifférence totale des autorités face à situation qui perdurent depuis des décennies. Car il est à rappeler que ce n’est pas une première. A titre d’exemple, l’an dernier nous avions passé toute l’année scolaire sans rentrer en possession de ces bourses.
Pourquoi avoir attendu plus d’un an pour revendiquer vos droits ?
James Frédérick Foster : Nous n’avions pas attendu plus d’un an pour faire ces revendications. Habituellement, ces bourses étaient payées par tranches dont 3 au total. La première tranche était souvent payée à partir de janvier. Donc c’est depuis ce mois que nous avons commencé à interpeller le SNABE face à situation. Nous leur avons adressé plusieurs courriels par le biais de notre ambassade. Aussi, nous avons été invités par S.E Mr l’Ambassadeur, avec qui nous avons échangé sur le sujet. Nous n’avons pas manqué de lui rappeler l’urgence de la situation. Il nous avait même proposé ce jour de rédiger une lettre, qu’il a ensuite transmise à toutes les autorités impliquées dans la gestion des bourses (la Présidence, les 3 ministères en charge de L’éducation, le SNABE) avec la note d’urgence. Aussi récemment, le SNABE a lancé une plateforme d’enregistrement des boursiers. Ils nous ont demandé de nous faire recenser. Ce que nous avons fait. Ils ne peuvent donc pas dire qu’ils ne sont pas informés d’autant plus que c’est leur travail.
Que disent les autorités guinéennes ?
James Frédérick Foster : Comme d’habitude, c’est l’indifférence totale. Depuis que nous avons lancé cette grève, nous n’avons reçu aucune réponse de leur part. Apparemment ça ne leur dit rien. Nous comprenons que nous ne sommes pas une priorité, c’est ça la réalité. Et c’est dommage pour nous.
Comment vivent les étudiants sans les bourses dans le contexte que vous avez décrit ?
James Frédérick Foster : C’est toujours difficile de parler de nos conditions de vie. Très sincèrement c’est la galère. Les étudiants guinéens au Maroc mènent une vie misérable, et ce n’est pas de l’exagération. Nous ne sommes même plus en mesure de payer nos loyers. Parfois Nous sommes obligés de nous mettre à 8 dans une seule chambre. Certains sont renvoyés de leur maison pour défaut de paiement. Il y’en a qui ont raccroché les études parce qu’ils n’en pouvaient plus. Ici, seuls les plus chanceux parviennent à tenir puisque c’est une question de survie. C’est Dieu seul qui nous sauve. Nous sommes endettés jusqu’au cou. Cette bourse constitue notre seule source de revenu puisque nous n’avons pas d’autres accompagnements. Nos parents n’ont pas les moyens et l’état s’est engagé avant notre arrivée, à mettre à notre disposition tous les moyens qu’il faut. C’est donc leur obligation et un droit pour nous.
Jusqu’à quand comptez vous revendiquer ?
James Frédérick Foster : Nous voudrions dire que trop c’est trop. Nous sommes déterminés à ne pas abandonner jusqu’à ce que nous obtenons une satisfaction de nos revendications. Pour l’instant, nous nous réservons le droit d’annoncer les autres actions qui vont suivre. Mais ce qui est sûr est que nous ne ménagerons aucun effort. Nous utiliserons tous les moyens légaux à notre disposition.
L’augmentation était prévue à hauteur de combien ? Et quelle information avez-vous reçu dans ce sens ?
James Frédérick Foster : Cette question d’augmentation reste floue. Aucune communication n’a été faite sur ce sujet. Nous ne savons pas quand est-ce cela entrera en vigueur. Tout ce que nous savons comme vous d’ailleurs, c’est qu’ils ont augmenté la bourse à hauteur de 100%. C’est à dire désormais 100$/mois pour l’enseignement supérieur, et 80$/mois pour les stagiaires de l’enseignement technique et professionnel. Ce sont les seules informations dont nous disposons.
Si rien n’est fait, jusqu’où êtes vous prêts à aller ?
James Frédérick Foster : Il n’est pas question d’abandonner. Nous irons jusqu’au bout. De toute façon, cette situation ne nous laisse pas d’autres choix. Nos vies dépendent fortement de ces bourses, et son absence constitue un énorme risque. Chaque année c’est pareil. Si rien n’est fait nous nous mobiliserons dans l’enceinte de l’ambassade pour réclamer nos droits.
Pour rappel, nos tentatives pour joindre le Service National des Bourses Extérieures (SNABE) sont restées vaines.
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