Épidémie de putschs dans l’espace CEDEAO : chronique d’une impasse des bidasses désavoués par les palais !

Les derniers coups de force dans la zone ouest-africaine émeuvent les citoyen.ne.s pro-démocraties. Certaines aujourd’hui pensent à une apocalypse qui s’abat sur les populations qui sont mises au respect par les baïonnettes.
Une soldatesque qui fuit son devoir régalien d’assurer la protection du territoire, des personnes et de leurs biens, pour s’abriter dans les palais présidentiels.
Cette pratique anti-républicaine est devenue le sport favori de nos armées. Et, généralement ce sont les unités les mieux loties et les plus choyées par nos dirigeants et qui arpentent les couloirs des palais qui prennent le goût de s’adonner à cette
 forfaiture. Le prétexte est juste trouvé et le générique semble être le même, tout au moins selon le pays.
Si au Mali, les populations avaient dénoncé la gestion du défunt président Ibrahim Boubacar Keita, durant plusieurs mois par des manifestations souvent réprimées dans le sang, mais il avait fallu le limogeage du chef de la sécurité présidentielle le 17 août pour que l’armée décide le 18 août 2020 de perpétrer un coup d’État contre le président démocratiquement élu et exerçant son deuxième mandat. La suite de l’histoire est connue…
En Guinée, malgré les manifestations de 2019 à 2020 contre le troisième mandat du président déchu Alpha Condé, protégé alors par les forces spéciales dirigées par le colonel Mamadi Doumbouya qui avait pris le soin de barricader la rentrée de la commune de Kaloum (siège de la présidence de la République), c’est seulement en septembre 2021 que le colonel Doumbouya a décidé d’attaquer le palais de Condé pour prendre le pouvoir. Et, cela est intervenu seulement quelques jours après les rumeurs de son possible remplacement et arrestation.
Au Burkina Faso, alors que le président élu pour son second mandat Roch Marc Christian Kaboré déjoue une tentative de putsh le 10 janvier 2022, huit soldats sont arrêtés, parmi eux le colonel Zoungrana considéré comme le meneur de ladite tentative.
Moins de deux semaines plus tard, le 23 janvier 2022, des mutineries éclatent dans plusieurs casernes du pays demandant entre autres le limogeage du chef d’état-major pour disent-ils mieux lutter contre le terrorisme. Le lendemain, la mutinerie se transforme en coup d’Etat contre le président Kaboré.
Patatra, le colonel Paul Henri Sandaogo Damiba qui avait pris la tête du pays est à son tour renversé par ses compagnons le 02 octobre 2022, en signant à son tour sa lettre de démission. Le fameux capitaine Ibrahima Traoré qui disait être en première ligne pour combattre le terrorisme trouve mieux de s’installer dans le palais confortable de Kosyam que de répondre à son devoir républicain en allant se battre au front contre les terroristes qui ensanglantent le pays des hommes intègres.
 Alors que les soupçons sur la volonté des trois juntes de confisquer le pouvoir enflent, c’est le chef de la garde présidentielle du chef de l’État du Niger, Mohamed Banzoun, président démocratique élu de ce pays du Sahel également confronté à la spirale terroriste, qui décide à son tour de séquestrer son patron et sa famille en espérant sauver son fauteuil. Après plus dix ans à la tête de cette unité, le général Abdourahame Tchiani craignant d’être remplacé à son poste, anticipe à son tour son coup d’État. Une forfaiture qui est considérée aujourd’hui dans la région, comme le putsch de trop par la CEDEAO et le reste de la communauté internationale.
Le scénario léonnais, comme antidote au Niger ?
Comme en 1998 en Sierra Leone, le CEDEAO avait rétabli avec son Ecomong feu le président Ahmad Tejan Kabbah renversé en mars 1996 par le Conseil révolutionnaire des forces armées (AFRC).
 Ce dimanche 30 juillet 2023, lors du 51e Sommet extraordinaire de l’institution, elle a annoncé des séries de sanctions contre la junte et donné sept jours aux putshistes pour libérer le président Bazoum et le rétablir dans ses fonctions, laissant planer la menace d’une intervention militaire si la junte ne se plie aux exigences de l’organisation sous-régionale.
Une fermeté qui pourrait changer la donne. Car le laxisme de la CEDEAO face aux précédents putshs a permis à certains militaires assoiffés du pouvoir de matérialiser leurs fantasmes, contribuant ainsi à fragiliser les processus démocratiques dans la région.
Abdoulaye Oumou SOW / journaliste-blogueur guinéen