César 2025 : l’acteur guinéen Abou Sangaré, héros de « L’Histoire de Souleymane », sacré révélation masculine

Récompensé aux César 2025 ce vendredi 28 février comme révélation masculine, l’acteur principal du film L’Histoire de Souleymane, primé à Cannes, a connu un parcours semé d’épreuves. Mécanicien de formation et sous le coup d’une OQTF, il incarne aujourd’hui une ascension hors du commun.

Né le 7 mai 2001 à Sinko, dans le sud-est de la Guinée, Abou Sangaré grandit dans un environnement modeste. Dès son plus jeune âge, il apprend le métier de mécanicien, mais la maladie de sa mère le pousse à quitter son pays, avec l’espoir de lui offrir un avenir meilleur. Adolescent, il traverse le Mali, l’Algérie, la Libye, affronte la Méditerranée, passe par l’Italie et arrive à Paris en 2018, à seulement 16 ans.

Installé en Picardie, il trouve un emploi comme mécanicien poids lourds dans un garage. C’est là que son destin prend un tournant inattendu : repéré lors d’un casting à Amiens, il est choisi par le réalisateur Boris Lojkine pour incarner le rôle principal de L’Histoire de Souleymane. Un personnage qui lui ressemble : un jeune Guinéen exilé, survivant à Paris en tant que livreur à vélo, suspendu à l’attente d’un entretien pour sa demande d’asile.

Jusqu’à récemment, Abou Sangaré vivait sous la menace d’une expulsion. Mais en mai 2024, son histoire prend une tout autre ampleur. Présenté au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, le film remporte le prix du jury, tandis que son interprète principal reçoit le prix d’interprétation masculine.

Sur la scène de l’Olympia, il livre un témoignage poignant :
« J’avais presque plus de vie, je vivais parmi les hommes comme ça. Je ne me considérais plus comme un être humain, depuis que j’ai traversé la Méditerranée jusqu’en avril 2023, j’ai tout connu… la misère, tout ce qui fait l’être humain, le bon comme le mauvais. »

Abou Sangaré ne joue pas seulement un rôle, il porte en lui l’histoire de milliers de jeunes contraints à l’exil. Son parcours, de Conakry à Cannes, du silence des garages à la lumière des projecteurs, symbolise une lutte pour la reconnaissance et la dignité. Son ascension rappelle que derrière chaque exilé, il y a une histoire de courage, un talent à valoriser et une humanité à écouter.